Menu
Revoir le catalogue
Aṣa

LUCID

date de sortie : 11/10/2019
► écouter / acheter l'album

La symbolique est forte : la première chanson de l’album d’Aşa, Murder in the USA, évoque un crime : « Who’s gonna save me now / I shot my lover and I ran away ». Catharsis, évidemment. Mais ce point – majestueusement – final d’une histoire d’amour est aussi le point de départ de l’album. « J’écris en miroir. J’étais dans une relation amoureuse  destructrice. Je ne m’étais pas rendue compte que cette personne était aussi toxique. Si je continuais à descendre et à descendre encore, qu’allait-il se passer ? »

Aşa est bien incapable de tuer quiconque. « D’une certaine manière, cet album c’est de  l’autobiographie. Même si je n’écris pas à propos de moi, ce sont mes pensées possibles, y compris des erreurs. » Et Lucid, son quatrième album, explore toute la palette des états passionnels, du plus doux au pire et du pire au détachement.

Toujours, les chansons d’Aşa lui viennent de la vie. La sienne, celles de ses amis, les histoires lues dans la presse. « Je prends quelques notes, je garde l’information en moi et la musique finit par venir. » Parfois, elle surgit tout soudain, comme pour Torn : « Une amie avait posté une photo sur laquelle elle avait l’air triste. Quand je lui ai envoyé un message en privé, elle m’a répondu : « Maintenant, je ferai attention à qui je donne mon cœur ». Ma meilleure amie -une personne très puissante sur scène mais désarçonnée dans la vie- était aussi à ce moment-là dans une situation difficile. Ce jour-là, j’étais à Paris, en pleine canicule, mes toilettes cassées, à attendre le plombier qui n’arrivait pas. J’ai écrit la chanson alors et j’ai enregistrée la démo en lâchant la voix à ma fenêtre. Pendant l’enregistrement de l’album, je n’ai jamais pu retrouver la même énergie dans le micro à 25000 euros. Alors, on a gardé la voix enregistrée devant les toits de Paris. »

On a toujours deviné qu’Asa était plus guidée par l’instinct que par le souci de la froide pureté. En 2007, quand sort son premier album, c’est un tranquille raz-de-marée : disque platine exemplaires, le prix Constantin, des centaines de concerts dans le monde et l’album Live in Paris… Le parcours radieux d’une inclassable révélation qui brouille les catégories classiques entre Europe, Afrique et Amérique, entre soul bien née et folk intuitif, entre pop et reggae en pente douce et chanson saute-frontières. Elle aurait pu continuer à galoper. Mais Beautiful Imperfection sort en 2010, Bed of Stone en 2014… Le nécessaire temps de vivre qui emplit l’âme, le cœur et la voix de telle manière que, par un jour d’été, une chanson jaillisse d’un coup jusqu’à son zénith.

Cette spontanéité, c’est ce que souhaitait garder Marlon B, producteur de l’album « Je l’appelle Mr Analogic, raconte Asa. Son studio est d’une absolue perfection technique mais il refuse absolument d’avoir un téléphone portable. Et il travaille dans une atmosphère très détendue, très naturelle. »

Autour de Marlon B, qui a joué et programmé les percussions (« c’est un batteur mais il sait tout de la mélodie et des arrangements »), une aristocratie de musiciens parisiens aussi virtuoses que précis dans l’écoute –  Et, pour la chanson The Beginning, qu’elle avait dans son ordinateur depuis cinq ans, une visite à Patrice, à Cologne, a tout débloqué : « Il a posé dessus un beat qui a fait monter le titre à un autre niveau. »

Tout l’album ne parle que de l’amour sous toutes ses couleurs – la blessure, la joie, le plaisir, la complicité… L’amour espiègle dans Until We Try, la confiance quémandée dans You And Me and Stay Tonight, la fiancée qui ne voit pas arriver son promis pendant la cérémonie dans My Dear (Where Are You) – « c’est une histoire arrivée en Inde que j’ai transposée dans mon Lagos ».

La capitale du Nigeria, ville natale d’Aşa, est aussi présente dans Happy People : « Je l’ai ècris en pensant aux gens de l’île de Lagos, comme mon oncle, et qui ne pourraient pas imaginer vivre ailleurs. Ils sont heureux là où ils sont nés. » Quant à elle, elle navigue entre sa maison à Lagos, son appartement à Paris et Los Angeles, Nashville, des voyages… « Ma sensibilité, c’est Lagos. Mais ce que j’écris est mondial. Lagos a modelé mon existence. Rien n’y est parfait mais il y a une telle vie. »

C’est aussi à Lagos que s’est forgée la vocation d’Aşa. « Je n’ai pas voulu écrire et chanter pour monter sur scène et pour que les lumières brillent sur moi. Il se trouve que, quand j’étais jeune, mes parents et tous les gens qui comptaient pour moi citaient, répétaient et commentaient les paroles de Bob Marley ou de Fela Kuti. Ils n’étaient pas seulement des entertainers, leurs mots avaient du sens. J’ai toujours voulu que mes mots soient utiles. »

Et c’est pourquoi elle explore tous ces sentiments par lesquels nous passons tous un jour – fous, ivres ou écrasés d’amour. Comme toujours, depuis une douzaine d’années qu’elle est apparue dans le paysage, mi-grande sœur apaisante, mi-BFF compréhensive, chantant plus nos vies que la sienne.

Lire la suite

Tracklist

1. Murder in the USA
2. The Beginning
3. Good Thing
4. Stay Tonight
5. Torn
6. Happy People
7. You and Me
8. Femi Mo
9. Makes no Sense
10. 365
11. Until We try
12. 9 lives
13. Don’t let me go
14. My Dear