Zoufris Maracas, la manche essentielle et le prélèvement automatique jusqu’en 2029…
Une vie d’exil et de nostalgie : c’est le sort qu’ont connu la plupart des « zoufris », ces ouvriers algériens venus travailler en France dans la seconde moitié du xxe siècle. Vin’s et Micho, fondateurs des Zoufris Maracas, vivent eux aussi en exil : au sein de leur propre pays, les Zoufris Maracas se sont inventés une « géographie à l’envers », faite de notes détournées et de paroles assassines. Ce premier album dévoile leur univers, un monde aux paroles acerbes et pleines d’humour. Une poésie sociale bercée par des rythmes africains, brésiliens, et des sonorités manouches.
Vin’s et Micho se sont rencontrés autour d’une partie de flipper à l’âge de quinze ans, à Sète, dans le sud de la France. Mettant vite entre parenthèse leur vie universitaire, les deux amis s’embarquent pour l’Afrique de l’Ouest. Du Niger au Mali en passant par le Burkina Faso, ils montent une association pour soutenir le cinéma itinérant. Vin’s et Micho font l’« école du Sahel », où les riens sont essentiels. Entre deux tournées de brousse, pour se distraire, ils chantent du Brassens ou du Brel. De retour en France, Vin’s achève ses études de géographie, puis devient recruteur adhérents pour Greenpeace. Micho, quant à lui, part vivre avec sa petite amie au Mexique. Les deux amis se rejoignent à Paris en 2007, les finances au plus bas. Ils décident de faire la manche sur les terrasses de Montmartre : Micho à la guitare, Vin’s aux claves. L’hiver les conduira dans le métro. Lignes de prédilection : la 2 et la 6. En cinq ans de manche, Vin’s se voit gratifié de 5 000 € d’amendes par la RATP. Le « musicien clandestin » n’a pas les moyens de payer : la régie devra se résoudre à échelonner ses dettes sur vingt ans, jusqu’en 2029. Une note pleine d’avenir…
En 2008, ils rencontrent ainsi Titi, figure de l’underground parisien qui leur propose de participer à un festival dans les bars de la capitale. Parallèlement, en 2010, un producteur original, Julio Rodrigues, tombe sous le charme et les présente au groupe La Rue Kétanou, qui les invite pour la première fois à monter sur scène. Le public plébiscite cette « poésie de l’insoumission », emmenée par des rythmes à mi-chemin entre la chanson française, le zouk ou encore la rumba congolaise. C’est ensuite au tour du légendaire éditeur Raoul Breton (Boris Vian, Renaud, Charles Aznavour, Sanseverino…etc) de s’enthousiasmer par les textes et l’esprit des deux compères. L’éditeur les mettra sur le chemin du studio. Entre temps, la formation s’est étoffée : outre Vin’s et Micho, François Causse s’installe à la batterie et à la réalisation, Brice à la trompette et Mike à la guitare manouche.
En juillet 2011, le label Chapter Two appose sa griffe sur leur premier single, « Et ta mère ». L’album est sorti en mars 2012.
Après « Et ta mère », suivront « Bahia », « Un Gamin », « Vélo au Sahara » et « Prison Dorée » sur les ondes de France Inter, Radio Nova, Le Mouv, Fip, RFI,… Le bouche à oreille se fait de plus en plus bruyant, les dates de concert s’enchainent et les salles se remplissent (4 Zèbres de Belleville + Café de la Danse + L’Alhambra complet à Paris). Arrivée à point nommé, leur musique souffle un vent frais sur l’ambiance générale et le paysage musical actuel. Avec déjà plus de 15 000 albums vendus, les Zoufris Maracas sont aujourd’hui l’un des phénomènes chanson de l’année et risquent bien de s’imposer dans le futur comme groupe culte, dans la lignée de la Mano Negra ou des Negresses Vertes.